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  • Passionnés d'art contemporain sous toutes ses formes d'expression, notre objectif est de partager nos coups de cœur et de vous donner envie d'aller les admirer.
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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 14:09

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Annica Cupetelli et Christobal Mendoza sont deux artistes qui vivent et travaillent à Détroit. Ils exposent au 104 à Paris, dans l’atelier 1, leur dernière création Standing Wave co-créée avec le musicien Peter Segerstrom. Nous avons eu la chance de découvrir cette œuvre alors que la pièce était vide de tout occupant, ce qui a préservé notre plaisir de la découverte. L’œuvre présente des lignes virtuelles qui, lorsque nous nous approchons du mur qui nous fait face, se mettent à onduler avec plus ou moins d’intensité en fonction de notre position dans l’espace, de notre vitesse de déplacement ou encore de l’amplitude de nos mouvements.

 

La première phase esthésique est une phase d’apprentissage du fonctionnement de l’œuvre. Le sujet parvient très rapidement à s’interfacer avec le dispositif artistique qui est très réactif au moindre de nos mouvements. L’esthétique de ce sound et movement visualization est sobre, malgré la grande simplicité du motif le regardeur reste fasciné par la beauté des cordes virtuelles, dont la blancheur se détache sur un fond noir et qui ondulent avec grâce,  s’étirent, se défont presque pour revenir vibrer autour de leur point d’attache.

 

Le son qui accompagne ces ondulations nous incite peu à peu à libérer les mouvements de notre corps pour pratiquer un mouvement dansé, amplifié, accéléré. Pour les spectateurs qui entrent dans la pièce alors que d’autres visiteurs sont en action dans l’œuvre, l’apprentissage du fonctionnement de l’œuvre est immédiat. La réactivité du dispositif qui répond au moindre changement de position de notre corps est médiatrice. Il est possible alors de rester spectateur de l’œuvre car l’œil du dispositif ne balaie pas toute la surface du sol mais prévoit une zone de repos pour la contemplation.


L’esthétique très contemporaine de cette œuvre est une rare occasion pour le public de faire l’expérience, en famille ou entre amis, du plaisir généré par l’art interactif en tant qu’art de l’interférence qui permet aux regardeurs de dialoguer et devenir coauteurs de l’œuvre.

 

A découvrir au festival Nemo jusqu'au 15 décembre 2013, au 104 à Paris.

 

   

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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 16:01

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Miguel Chevalier, Seconde Nature, Marseille.

 

Miguel Chevalier est l’un des artistes phares de l’art interactif. Né en 1959 au Mexique, sa création est inspirée par la flore luxuriante du pays et ses fêtes colorées. Son travail est foncièrement lumineux, joyeux, il rayonne et éveille l’attention. L’artiste vit et travaille à Paris depuis 1985, il utilise l’outil informatique pour sa création depuis 1978. A Marseille, il a créé avec Charles Bové, une œuvre placée dans l’espace public. Pour l’admirer, vous devez vous rendre place d'Arvieux, derrière la Joliette, un quartier rénové de Marseille, de préférence de nuit, afin de jouir de la projection. La sculpture monumentale, de couleur orangée, inclinée et enroulée sur elle-même tel un coquillage, mesure dix-huit mètres de haut. Elle contient un capteur et un projecteur, elle projette du haut de ses dix-huit mètres une vidéo d’animation réalisée par Miguel Chevalier. Celle-ci se compose de motifs floraux, réalisés avec des fractales, déclinant une végétation mouvante en constante animation.

C’est en vain que vous vous agiterez devant la projection afin de la faire réagir car l’interactivité ne répond qu’au passage du tramway. Soyez patients, un tramway passe et les fleurs s’envolent et se défont tissant un lien physique entre la réalité tangible et la réalité virtuelle. Le spectacle paisible conçu par l’artiste magnifie le quartier aux constructions neuves et trouble en silence le calme de la nuit. Elle offre aux riverains un spectacle inédit et ce sont les habitants du quartier qui servent de passeurs, expliquant le fonctionnement de l’œuvre aux touristes désarmés devant un spectacle qu’ils ne comprennent pas. Jamais la médiation culturelle n’aura porté aussi bien son nom.

 


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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 18:53

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A-li-ce et Swub, Parade : ouverture, 2013 –Performance audiovisuelle au LPM avec Webcam

 

La performance interactive entre dans le champ plus large de la performance audiovisuelle. La performance, dans le cadre audiovisuel, consiste à manipuler avec un logiciel de calcul de données en temps réel permettant d’agir directement sur les vidéos, le son, les enregistrements, etc. Parmi ces performances audiovisuelles nous trouvons le Vjing (visual-jockey) qui vient se synchroniser avec la prestation sonore du Dj, la distorsion de samples video ou Rythm’n’split, le Vdrips qui est une combinaison de mapping 3D et de peinture performative, le sound visualization qui illustre de  la musique expérimentale par des formes préprogrammées,  etc.

Nous avons rencontré A-li-ce à deux occasions, à Kassel dans le cadre de la Kasseler Dokfest en novembre 2012 et à Rome dans le cadre du LPM ou Live Performers Meeting en mai 2013. À Kassel, A-li-ce était venue accompagnée de son Dj et projeta pendant les deux heures de set électronique une série de séquences vidéo, ce que l’on appelle le Vjing. La jeune parisienne pratiquait depuis quatre ans le Vjing dans sa version dancefloor quand elle décida de s’affranchir de son musicien pour reprendre la main sur sa création sonore. Pour LPM, A-li-ce a présenté sa dernière recherche artistique, intitulée Parade : ouverture, librement inspirée de la nouvelle The Atrocity Exhibition de JG Ballard, qu’elle a qualifiée d’expérimentale (« work in progress »). Parade doit à terme se développer en quatre volets mais lors de son actualisation au LPM, elle n’en comportait que trois. Le dispositif technique était composé de deux ordinateurs, l’un pour le son (A-li-ce était assistée par Swub pour la partie sonore), l’autre pour le travail des images en temps réel et enfin une webcam dirigée vers la table de travail, ce qui est suffisamment rare dans le Vjing pour être souligné. C’est cette introduction d’un temps réel dans la performance live, du réel dans le virtuel qui m’a amenée à choisir l’œuvre d’A-li-ce parmi tous les Vj qui émergent aujourd’hui. Dans la courte présentation de l’œuvre sur le site de LPM, A-li-ce explique s’inspirer de la « mythologie personnelle » qui est à l’œuvre en chacun de nous tous les jours, une mythologie composée de mots et de personnages. A-li-ce décrit la crise de cette mythologie personnelle comme autant de blessures et fait un jeu de mots visuel avec « cut pieces » et des images de poignets tailladés. Nous dirions pour notre part que la première partie de Parade est une poésie sonore à tonalité dramatique où des images de mots découpés et d’associations corporelles jouent avec la voix off préenregistrée d’A-li-ce. Cette première partie, bien que très narrative par le choix des mots qui prennent sens en se succédant et nous conduisant à penser au suicide autorise l’immersion dans l’œuvre. Cette narration sert d’amorçage et nous permet d’entrer dans le monde de Parade. Le drame, pourtant pesant, est allégé par la déstructuration de séquences vidéo très courtes qui donne à l’ensemble un rythme dense, créant une tension entre le visuel et le sonore.

Au cours de cette première partie, particulièrement créative, A-li-ce décrit le temps de la « crise », ce moment de la vie où tout est remis en cause. Peu à peu le spectateur se laisse emporter par l’avalanche de mots à tonalité sombre quand soudain, moment fort de la réception, A-li-ce découpe en direct sous la webcam ces fameux mots qui traversent Parade d’un bout à l’autre. L’immersion est accentuée par le fait que l’on entend à proximité le découpage « réel » et tangible du papier devant l’artiste. La table vibre, la webcam saute, A-li-ce est toute entière à ce qu’elle fait. Le set de l’artiste était construit à la façon du Vjing, par volets successifs qui ne s’entrecoupent pas. Succède ainsi à cette première partie très saccadée, au rythme haché, un set reprenant les visuels de la première scène en les faisant trainer. Le temps s’étire, c’est celui des temps sombres survenu après la crise, celui où le néant succède au chaos. L’immersion est totale, le spectateur ne lâche plus son fil d’Ariane car la narration n’est plus, les mots ne sont plus, de longues séquences vidéo et une mélodie apaisée leur succèdent. Le troisième temps est audacieux, une coupure abrupte nous arrache de l’aphasie, accablés par le tempo lent à connotation dépressive, pour nous plonger dans une musique pop du groupe Abba, visant la dérision, qui se déconstruit peu à peu. Cette dernière partie, trop peu déstructurée, favorise toutefois notre émersion mais a le mérite de mettre un terme au mélodrame.  

 

 

Ce projet illustre ce qui oppose l’œuvre d’un Vj venu illustrer ou se synchroniser avec la musique d’un Dj et celle d’un Vj ayant repris la main sur toutes les dimensions de l’œuvre. Certes, la composition en actes déconcerte car nous avons certainement acquis des habitus de spectacle mais c’est le signe qu’A-li-ce a enrichi sa pratique artistique par l’expérience du dancefloor.  

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 12:51

L’œuvre d’Ernesto NetoWe stopped just here at the time (2002), installée au Centre Pompidou à Paris est un ravissement pour les sens. Certes, nous pouvons regretter de ne pouvoir circuler dans l’œuvre ou ne serait-ce qu’autour de l’œuvre mais elle permet au grand public de découvrir ce grand artiste brésilien. Frustrés de nous retrouver dans une posture classique de face-à-face devant l’œuvre, la déception est compensée par le délicieux parfum diffusé par l’œuvre. Reprenant les qualités sensorielles de l’installation surréaliste de 1938 et des "environnements" de Kaprow (1958), Neto a empli les bas nylons, élégamment suspendus au plafond, d’épices tel les clous de girofle, le cumin ou le curcuma qui, de plus, donnent une couleur jaunie au matériau. A voir absolument, debout, assis, couché.

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Ernesto Neto, We stopped just here at the time (2002)

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 17:55

Shusterman annonçait sa venue imminente : l’art populaire devait régénérer le grand art qui, en Occident, se meurt lentement. C’est chose faite. Un petit groupe d'artistes urbains Rennais a introduit dans sa pratique du graph le vidéo mapping et propose de nous enthousiasmer de nouveau pour la grande peinture. Scouap est membre du collectif V-Drips, et cela fait trois ans que le Kasseler Dokfest l’invite, sans succès. Ce fut donc un honneur de découvrir, comme des enfants, ce plasticien peindre sur un fond noir un portrait aux multiples réalités au cours de la soirée de vendredi 16 novembre 2012. Devant un public venu essentiellement pour danser et discuter, Scouap a peint successivement des corps décharnés, puis des portraits de femmes qui, selon la projection numérique qui venait les frapper, redevenaient squelettes ou réapparaissaient sous leur forme sexy. Le jeune public arrêta de danser pour filmer la performance. Si, comme le prétend Shusterman, l’art doit se définir par sa réception, alors le public du Caricatura Bar, par son expérience esthétique, a confirmé que l’art de Scouap devait marquer un tournant dans l’histoire de l’art pictural.

Scouap a de nombreux talents. C’est tout d’abord  un incroyable performer qui a le sens de l’intrigue et sait nous tenir en haleine. C’est ensuite, indéniablement, un peintre d’une grande maîtrise artistique et c’est enfin un joyeux technicien qui ajoute un effet numérique à la peinture traditionnelle qui s’anime alors sous nos yeux.

Depuis sa mort déclarée par les mouvements minimalistes, la peinture était à l’agonie.  Les critiques ont vainement cherché en Garouste un sursaut de l’art pictural qui n’aurait dû sa survie qu’au sujet abordé. Mais le sujet ne fut jamais le moteur des révolutions artistiques, quelles qu’elles soient, n’en déplaise aux philosophes. A-t-on jamais vu les « ismes » limiter leur action à un sujet précis ? Si l’impressionnisme est connu en tant que peinture de paysage, les portraits y sont pléthore et la véritable révolution du mouvement se situe dans leur représentation de l’espace et dans le choix de la touche. Nul artiste ne pourra faire l’économie d’une recherche formelle qui seule leur permet de perpétuer une tradition  sans copier ce que faisaient leurs grands-pères. Mais les critiques, le cul assis sur leur chaise, ne prennent pas la peine d’aller chercher « l’art du futur », l’art jeune, là où il se trouve. Pour découvrir ces nouveaux talents, il faut mouiller sa chemise, visiter des lieux de vie en tout genre, bars, festivals, boîtes de nuit, au lieu de consulter les commissaires de musées et directeurs de galeries qui ne font que valider la carrière déjà épuisée d’artistes soutenus par les institutions.

 

 


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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 10:23

IMG 0039Le Centre Pompidou Metz propose une exposition montée par le FRAC Lorraine intitulée Frac forever. Le dispositif  de monstration se réduit à une salle noire qui n’est éclairée que par les lampes torches des visiteurs. Ces derniers sont censés réapprendre à voir, en n’éclairant que les détails d’une collection de photographies, noir et blanc et couleur. Il n’y a pas, en théorie, de scénographie, et pourtant les lampes torches volent dans l’espace d’exposition comme des lucioles, créant une œuvre éphémère parmi les œuvres. Cet éclairage capricieux voltigeant à des hauteurs différentes permet aux hésitants de se repérer dans l’espace  et de deviner la surface d’exposition. Mais ne risquait-on pas de limiter le parcours du visiteur à une visite proximale ? A moins d’être venus à plusieurs reprises visiter la salle, il est difficile d’adopter une attitude autre que celle d’une taupe et pourtant, quelques visiteurs trouvent leur liberté dans une visite à contresens.IMG_0040.JPG

Mais y a-t-il un sens ? Rien dans cette exposition n’a de sens car il s’agit avant tout de réapprendre à voir mais également d’intégrer le parcours topographique en même temps que le parcours conceptuel. Les visiteurs débordent d’imagination, collaborent pour unir leurs torches, s’amusent du dispositif et, à mi-parcours, atteignent une concentration inattendue. Aussi étrange que ludique (manifeste avec le très fréquent « c’est rigolo »), les visiteurs serpentent l’exposition à tâtons en créant eux-mêmes leurs propres traces.

Enfin, la temporalité est une dimension importante de la visite de Frac Forever car les visiteurs qui acceptent de jouer le jeu s’immergent dans le noir pour une vingtaine de minutes. Nécessairement, cette exposition marquera le public dans sa proprioception mais aussi d’un point de vue émotionnel, en tentant de démontrer que le plaisir ludique peut désormais s’intégrer dans le plaisir esthétique.

 

A voir jusqu'au 25 février 2013 au Centre Pompidou Metz.

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 19:14

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Exposition temporaire Robert Combas au Musée d'Art contemporain de Lyon

 

Nous étions dubitatifs à l’idée que l’exposition Combas au Mac de Lyon que vous dirigez consistât en une mise en scène de l’acte de peindre et nous permit de voir l’artiste derrière une vitre sans teint et l’écouter chanter. Et pourtant, n’avons-nous pas été comme des enfants devant le Père Noël en voyant Combas s’amuser dans son capharnaüm ? Nous nous inquiétions de voir ériger au rang de grand art une musique de pacotille qui n’eut comme seule  légitimité que le nom de son auteur. Mais là n’était pas votre ambition. La formidable originalité de cette exposition consiste à donner à voir et à rendre sensible la convergence des mediums (musique, peinture, sculpture…) du « monde Combas », sans passer par les mots.

Ce monde Combas est un monde d’émotions. L’artiste a développé un vocabulaire qui lui est propre, que l’exposition nous apprend à décortiquer patiemment en nous appuyant sur la scénographie : personnages grotesques, cactus, coulures sur les tableaux, coulures sur les miroirs puis coulures sur les murs. L’exposition, sans discours, ne nous parle que de l’artiste et se transforme elle-même en œuvre d’art total. Combas est là, partout, du sol au plafond, dans nos oreilles, dans notre proprioception, il s’inscrit dans notre corps et nous submerge. La scénographie nous met en mouvement au sens propre comme au sens figuré. Nous tournons sur nous-mêmes, nous balançons sur l’une ou l’autre jambe en écoutant la musique qui baigne chacune des salles. Nous nous allongeons sur des poufs pour prendre le temps de ressentir les toiles, véritables chefs-d’œuvre dont beaucoup restent inconnues même de ceux qui suivent l’artiste de près.

A voir absolument jusqu'au 15 juillet 2012!

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29 mai 2012 2 29 /05 /mai /2012 10:54

artaq1Sur Facebook, le 20 novembre 2011 soit près de six mois à l’avance, Artaq lançait son slogan : « Artaq vous lance un défi : recouvrir le jardin du Mail de tricot ! »  Le yarn bombing consiste à investir l’espace urbain avec du tricot et Magda Sayeg en est une spécialiste. L’artiste plasticienne a proposé à Artaq, festival d’art de rue itinérant, de recouvrir un jardin d’Angers avec du tricot. Bien entendu, une œuvre d’une telle ampleur ne pouvait être le fait d’une seule personne et le projet n’a pu voir le jour qu’avec la collaboration des concitoyens et concitoyennes qui se sont mis à tricoter. La mairie a financé les pelotes de laine qui sont arrivées par lots, arborant dans un premier temps des couleurs fluo avant de se diversifier. Cette œuvre s’évalue selon deux résultats. Tout d’abord un résultat visible : des lions, des bancs, des pots de fleurs entièrement recouverts de tricot, le pari est réussi et surprend le visiteur. Ensuite, un résultat invisible : une population bénévole qui souhaite s’exprimer au sujet de la qualité des moments passés ensemble, tous les dimanches durant près de quatre mois (de janvier à avril 2012). Tels Pénélope dont l’ouvrage ne s’arrêtait jamais, les habitant(e)s auraient souhaité prolonger cette activité, pour le plaisir  de se retrouver tous ensemble. Nombreux sont ceux qui ne se connaissaient pas avant de préparer l’événement et qui ont déclaré vouloir imaginer une autre activité capable de les réunir de façon hebdomadaire. La véritable réussite de l’artiste la voici, non pas seulement réaliser une performance mesurable et quantifiable mais avoir agi sur le désir du « vivre ensemble ».

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 13:51

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Kolkoz, Films de vacances, Installation Galerie Emmanuel Perrotion, 2006

 

Le collectif Kolkoz (Samuel Boutruche et Benjamin Moreau) propose le dédoublement d’une réalité, le film de leurs souvenirs de vacances dont ils n’ont conservé que la bande son, insignifiante. Les artistes remodélisent personnages et paysages en images de synthèse, qu’ils calent sur la bande son, transcendant ainsi la banalité du quotidien en une « hyper banalité ». Une installation accompagne parfois leurs vidéos d’art, composée de mobilier, simplifié dans ses formes, mais  évoquant le foyer familial avec son organe central : le téléviseur. Les deux artistes trafiquent l’apparence de la réalité mais n’en modifient pas la linéarité. Seule une fiction (Schaeffer), créée de toute pièce par un auteur, permettrait la montée en intensité d’un événement. Mais ici, rien ne se passe.

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Ces artistes français ont d’abord exposé au Palais de Tokyo en janvier 2006 avant d’être séduits par la galerie Perrotin, la même année, pour une exposition intitulée La matière du mensonge. Le collectif s’attaque à un type particulier du jeu vidéo, le Sim ainsi qu’aux jeux sans règles, reposant sur l’engendrement procédural du jeu à l’infini qui connaît depuis 2009 un véritable succès commercial avec Minecraft (Markus Persson 2009). Will Wrigt est l’inventeur de la planète « SIM » qui a donné au joueur la responsabilité de la création d’une ville « Sim City » ou encore d’êtres humains « The Sims ». Un détail important oppose toutefois les sims à l’œuvre de Kolkoz : l’avatar. Dans les sims, l’avatar reste sous le contrôle du joueur alors que les personnages de Kolkoz échappent à celui du visiteur. Celui-ci se retrouve face à un spectacle traditionnel, sans interactivité, ce qui le rend encore plus passif en face d’un écran sur lequel rien n’advient sinon la performance des artistes eux-mêmes qui ont renumérisé le film de leurs vacances. C’est en cela que l’œuvre de Kolkoz trouve véritablement sa dimension artistique, en  plongeant leurs contemporains dans un univers qui leur est familier mais où un léger décalage les fait basculer vers la critique.

 


 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 17:11

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Artcontext, Space Invaders


Artcontext réactive notre habitus vidéo ludique et transforme une œuvre d’art en shooting, façon Space Invader. Notre souris déplace horizontalement un bâtiment dont l’architecture rappelle le Parlement à Washington. Des clics sur la souris nous permettent de tirer frénétiquement sur des marques telles que Mac Donald, Shell, Gap. La tension croît avec le plaisir de tirer sur ces symboles industriels de la déculturation. Mais sitôt une enseigne touchée une autre réapparaît nous rappelant que le combat est vain.

 

Où est le plaisir esthétique dans la relation avec l’œuvre ? Il se trouve dans la conscience qu’il ne s’agit pas d’un jeu vidéo mais d’un détournement porteur de sens et de contenu. Il s’agit manifestement de ce que Nicolas Bourriaud appelle un art relationnel et Paul Ardenne un art contextuel puisqu’il s’agit ici de dénoncer la société de consommation qui se plaît à occuper les « temps de cerveau disponibles » (Patrick Le Lay). Preuve qu'il faut compter aujourd'hui sur le ludique dans l'esthétique.


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